Calculer le risque cardiovasculaire

Par Thomas Cornet

3 juillet 2023

9 min

Dans cet article, nous vous proposons un point sur le calcul du risque de maladies cardiovasculaires. Nous abordons les différents modes d’évaluation, auxquels vous pouvez être confronté en tant que professionnel de santé, de l’échelle SCORE aux tables de Framingham, en passant par l’échographie et le score calcique coronaire. Nous explorerons également l’influence croissante des outils digitaux dans ce domaine. Le calcul du risque cardiovasculaire revêt une importance cruciale dans la prise en charge préventive et curative des maladies cardiaques. Obtenez une meilleure compréhension de vos possibilités grâce à ce tour d’horizon.

Pourquoi calculer le risque cardiovasculaire ?

Le risque cardiovasculaire est une estimation en pourcentage qui correspond au risque pour une personne de développer un évènement cardiovasculaire athéromateux sur une période définie (généralement dix ans).

 

L’évaluation de ce risque est nécessaire pour diverses raisons. Tout d’abord, il est important de se rappeler que la prise en charge d’un patient est proportionnelle à son niveau de risque d’accident cardiovasculaire. Une personne à haut risque demandera des traitements plus complexes et coûteux qu’un individu à faible risque. Il est donc crucial d’identifier le degré d’exposition d’un patient pour lui proposer une prise en charge optimale et cohérente, selon l’intensité requise. En d’autres termes, le calcul des facteurs de risque cardiovasculaire conditionne le suivi.

 

Par ailleurs, beaucoup de sujets sont asymptomatiques. Une estimation à moyen terme permet d’anticiper, de rester vigilant, et d’affiner le diagnostic au fur et à mesure que le temps passe. Il faut également rappeler que les maladies cardiovasculaires sont fréquentes ; on estime qu’elles sont à l’origine de 400 morts par jour. L’évaluation d’un risque particulièrement présent dans la population paraît être le minimum.

Bon à savoir

La Société Européenne de Cardiologie recommande d’effectuer le calcul SCORE 2 cardiovasculaire, car l’intérêt a été clairement identifié sur la durée.

Notez en outre que les accidents ne surviennent pas uniquement chez les personnes âgées et que des patients de moins de 40 ans en sont aussi victimes. Enfin, les facteurs de risque cardiovasculaire n’ont pas tous le même poids : le cholestérol dans le calcul du risque est déterminant. La menace n’est pas proportionnelle au nombre de facteurs comptabilisés pour un individu. Découvrez le traitement de l’insuffisance cardiaque droite pour compléter vos connaissances.

Les tables de Framingham et l’échelle SCORE

Pour calculer les facteurs de risque cardiovasculaire chez un individu à un instant T, deux possibilités se distinguent. La première nous vient des États-Unis, de la ville de Framingham dans le Massachusetts. Là-bas, les quelque 50 000 habitants sont suivis depuis 1949, ce qui a permis de collecter d’innombrables informations, et d’élaborer des échelles de risque. L’équation développée a été traduite sous la forme d’un graphique avec des cases de couleurs pour situer le patient.

 

Ce concept visuel pédagogique requiert d’observer plusieurs critères :

  • le sexe ;
  • l’âge ;
  • la pression artérielle ;
  • le niveau de lipides ;
  • et le statut fumeur ou non-fumeur.

Ces éléments vous dirigeront vers une case qui calcule le risque cardiovasculaire de la personne concernée. Les Américains ont convenu que le risque élevé correspond à 20 % à dix ans. Une alternative a été conçue pour la population européenne, et baptisée SCORE (Systématique COronary Risk Estimation).

Bon à savoir

Tandis que les tables de Framingham évaluent la morbidité, l’échelle SCORE s’est d’abord concentrée sur la mortalité.

La fourchette d’âge chez les Européens dans le calcul du SCORE cardiovasculaire se place entre 40 et 70 ans, et comme son nom l’indique, elle prend en compte les artères coronaires, mais ne se positionne pas forcément sur les AVC. Pour faire face aux limitations, une autre version a vu le jour. Le calcul SCORE 2 cardiovasculaire est désormais au centre de l’évaluation pour les patients qui ne sont pas identifiés d’emblée comme étant à haut risque. On retrouve en définitive les mêmes paramètres d’observation qu’outre-Atlantique avec SCORE : le calcul du cholestérol LDL, mais aussi bien sûr le statut fumeur ou non-fumeur. Le risque se projette également sur dix ans, période estimée de moyen terme.

 

En complément, cette option propose une classification des pays européens, et donc des équations différentes selon la nationalité. L’Europe du Nord présente davantage de risques, alors que la France, l’Italie et l’Espagne sont des pays à faible risque. L’échelle SCORE est aujourd’hui le moyen de calcul du risque cardiovasculaire recommandée par la HAS, car il offre la meilleure estimation. Le risque du patient serait sous-estimé sans le recours à cet outil. Il doit donc impérativement être davantage utilisé par les cabinets de médecins traitants.

Le score calcique coronaire

Le score calcique correspond à un scanner, permettant d’évaluer le grade de calcification des artères coronaires. Acte de classe 2, il n’est pas nécessairement ordonné à tous les patients, mais peut être utilisé pour affiner le niveau de risque. Pour simplifier, plus les artères sont calcifiées, plus la personne est exposée.

 

Le score calcique coronaire dans le calcul du risque cardiovasculaire donne un aperçu de la survenue d’évènements dans les 5 ans à venir. Un score à 300 traduit un risque élevé, et 1000 un risque très élevé. Le graphique, qui jauge les risques en fonction du score, a donc une valeur de pronostic ; c’est pourquoi il est proposé en élément supplémentaire d’intégration. Si la valeur du score calcique peut être discutée, le seuil de 400 unités reste à retenir comme prédicateur d’évènements pour les risques importants. Par déduction, un faible score calcique coronaire constitue un aspect protecteur qui doit rassurer. Zéro unité équivaut à une absence d’évènement.

L’évaluation échographique

L’échographie est une autre option pour le calcul du risque cardiovasculaire. Cet examen a une valeur prédictive équivalente au score calcique, mais contrairement à ce dernier, c’est un acte non invasif. Le scanner expose en effet à des rayons et à une coupe, un choix qui est difficilement envisageable pour tous les patients tous les ans.

 

L’échographie est un examen simple et courant, qui dans ce cas se fait au niveau des artères carotides afin de mettre en évidence des plaques d’athéromes. Même si celles-ci ne menacent pas directement le patient, elles sont signe d’une maladie déjà installée et donc synonymes d’un plus gros risque d’accident. Plus il y a de plaques et plus elles sont importantes, plus le risque sera élevé. Il faut cependant noter que l’observation de la paroi carotidienne ne constitue pas à un élément déterminant pour la prise en charge. Il reste intéressant de surveiller l’intima-média de la carotide, mais vous devez garder à l’esprit que cet élément n’a pas le même poids qu’un calcul du SCORE cardiovasculaire classique.

 

Si l’échographie est facile à effectuer, il faudra tout de même lui accorder une attention particulière et une grande précision. Il s’agit d’un examen d’évaluation et non un acte banal de dépistage. Les plaques hypodenses, remplies de cholestérol, ne seront pas visibles en noir et blanc. L’ajout de couleur est par conséquent indispensable. L’imagerie est une technique complémentaire utile pour évaluer les risques cardiovasculaires ; en déterminant la surface et le volume d’une plaque, en la quantifiant, vous pourrez suivre son évolution dans le temps.

Les outils digitaux d’évaluation

Grâce au développement des outils numériques, vous pouvez utiliser un calculateur de risque cardiovasculaire directement en ligne, tel que Cardiorisk. L’intérêt majeur de ce type de plateforme automatisée réside dans le partage de bénéfices potentiels chiffrés. Pour motiver vos patients, vous pouvez vous appuyer sur les données que l’application génère au cas par cas, pour une réduction de la pression artérielle ou une suppression de tabac par exemple. Le calcul du risque cardiovasculaire devient plus concret pour le sujet suivi, et celui-ci se sent plus impliqué. Cardiorisk équivaut à une mise en situation : vous saisissez les caractéristiques du patient et choisissez de consulter l’échelle SCORE ou les tables de Framingham.

 

Si vous préférez accéder au calculateur de la Société Européenne de Cardiologie, vous pouvez installer sur votre smartphone l’application officielle pour le calcul du SCORE cardiovasculaire sans surcoût. En fonction des données renseignées, vous obtiendrez un chiffre et une couleur associée. Pensez à sélectionner l’application pour faible risque correspondant à la France.

 

Les outils digitaux vous aident à agir sur les facteurs de risque cardiovasculaire, et il est fort probable qu’à l’avenir, il soit possible d’intégrer la génétique et les prédispositions. En parallèle, des systèmes d’automesures sont en développement, pour la pression artérielle notamment. Les objets connectés permettront assurément d’affiner encore davantage l’évaluation du risque dans un futur plus ou moins proche. Sur le même thème, consultez les recommandations en cas de dyslipidémie, ainsi que notre article évoquant des cas cliniques en cardiologie.

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