Comment traiter les dyslipidémies des patients RCV ?

Par Thomas Cornet

14 août 2023

7 min

Le traitement des dyslipidémies passe par deux voies : le mode de vie, dont l’alimentation, et les médicaments. Traiter la dyslipidémie consiste à réduire les facteurs de risques cardiovasculaires (tabagisme, surpoids ou obésité, mauvaises habitudes alimentaires, sédentarité), et notamment à réduire le taux de cholestérol dans le sang, avant même de prescrire des médicaments hypolipémiants.
Les informations de cet article sont issues de notre formation pour médecin généraliste, une formation sur les facteurs de risques cardiovasculaire, en ligne et qui peut être financée par le DPC.

Le mode de vie et l’alimentation

Le traitement des dyslipidémies passe par l’alimentation et le mode de vie. De nombreuses idées fausses circulent sur le régime alimentaire à adopter en cas de dyslipidémie, c’est le cas du régime méditerranéen. Inventé par un Américain qui a décrit le régime crétois des années 1950, ce régime ne correspond plus à un régime actuellement consommé par les crétois (ils se sont occidentalisés et leurs facteurs de risque cardiovasculaire ont largement augmentés). Cependant, c’est un modèle qui peut être suivi pour la dyslipidémie et son traitement.

 

Ce régime est souvent représenté sous la forme d’une pyramide :

  • légumes, fruits, huile d’olive, noix, amandes, légumineuses, herbes et épices : à la base de chaque repas ;
  • légumes, fruits, céréales : souvent et entiers de préférence ;
  • poissons et fruits de mer : souvent (au moins deux fois par semaine) ;
  • fromages et yaourts : des portions modérées une fois par jour à une fois par semaine ;
  • volailles et œufs : des portions modérées tous les deux jours ou une fois par semaine ;
  • viandes et sucreries : pas souvent ;
  • eau : au moins 1,5 L par jour ;
  • vin : avec modération, un verre par jour maximum.

Sans oublier de conseiller aux patients de pratiquer une activité physique régulière. Ce peut être un sport, de la danse ou de la marche à pied, par exemple.

En adoptant une alimentation méditerranéenne pour un régime de dyslipidémie, les études montrent qu’il y a une diminution de la paroi et une diminution de l’épaisseur des plaques, mais pas du nombre de plaques. Ces résultats ne sont pas observés avec les conseils issus du modèle américain. Toutefois, il faut compter 7 ans pour évaluer les bénéfices sur la dyslipidémie du régime alimentaire de type méditerranéen.

 

De nombreuses études ont été réalisées concernant l’alimentation dans le traitement des dyslipidémies en prenant en modèle différents types de régimes. Il existe une méta-analyse constituée de 27 études nutritionnelles, rassemblant 32 000 patients, qui n'a pas trouvé d’impact significatif du régime alimentaire sur la mortalité cardiovasculaire, mais qui a montré une significativité sur les accidents cardiovasculaires.

Bon à savoir

Ainsi, l’alimentation est importante, car elle permet de rester en bonne santé, mais elle ne semble pas avoir le pouvoir de diminuer les maladies ou les accidents cardiovasculaires. Découvrez aussi nos conseils pour traiter l’hypertension et notre formation pour médecin généraliste.

Les conseils nutritionnels

En France, le Programme National de Nutrition Santé (PNNS) préconise de manger cinq fruits et légumes par jour, par exemple en consommant trois légumes et deux fruits différents (en portions suffisantes). En effet, les fruits et légumes apportent des vitamines et des antioxydants essentiels à l’organisme, mais aussi des fibres, de l’acide folique, des composés phénoliques, des minéraux et des oméga-3.

 

Des études ont été réalisées dans le but de prouver l’intérêt des vitamines et des antioxydants dans l’alimentation et plus particulièrement sur les facteurs de risques cardiovasculaires. Par exemple, une étude a été réalisée sur 14 000 sujets sains pendant 10 ans pour explorer l’intérêt du sélénium dans la réduction des facteurs de risques cardiovasculaires liés aux dyslipidémies. Cette étude, finalement, a démontré l’inefficacité des antioxydants sur le niveau de risque cardiovasculaire, mais elle a montré qu'ils avaient un impact sur le cancer (étude SU.VI.MAX, 1994).

 

Par ailleurs, la supplémentation en vitamines est remise en question depuis 2022. De plus, si la supplémentation en vitamines n’a pas d’incidence bénéfique sur les risques cardiovasculaires, elle peut avoir des effets néfastes en cas de consommation trop importante et d'hypervitaminose :

  • la vitamine A en grande quantité augmente le risque de cancer du poumon et le niveau de risque cardiovasculaire ;
  • la vitamine E en grande quantité peut engendrer des AVC hémorragiques et augmenter le risque de fracture de hanches ;
  • la vitamine C en grande quantité augmente la formation de calculs rénaux.

Astuce

C'est pourquoi une alimentation équilibrée est certainement la meilleure solution pour rester en bonne santé, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans une situation plus spécifique de régime de dyslipidémie.

Les traitement médicaux des dyslipidémies

Les spécialistes endocrinologues, diabétologues et cardiologues se sont entendus sur le taux de cholestérol à obtenir dans le cas de la dyslipidémie et son traitement. Ainsi, le patient à haut risque cardiovasculaire devrait avoir un taux de cholestérol LDL à 0,70 g/L. Ce taux était accepté par la HAS pour la dyslipidémie et les risques cardiovasculaires jusqu’en 2018.

 

Sans recommandations françaises actuelles, les médecins peuvent se référer aux recommandations européennes sur le taux de cholestérol à obtenir pour les dyslipidémies et l’évaluation du risque cardiovasculaire (Société européenne de cardiologie et Société européenne d’athérosclérose, 2019). Selon ces recommandations, le niveau de cholestérol à obtenir n’est pas le même en fonction du risque cardiovasculaire du patient :

  • 1,20 g/L pour les patients sans risque ;
  • 1 g/L pour les patients à risque modéré ;
  • 0,70 g/L pour les patients à risque élevé ;
  • 0,55 g/L pour les patients à risque très élevé.

Il est recommandé, en plus, de faire baisser le taux de cholestérol de 50 %, pour les patients à risque élevé ou très élevé, par rapport au niveau de départ (recommandation de grade A). Évidemment, il est nécessaire de réaliser un bilan lipidique avant tout traitement.

 

Du côté des médicaments, les médecins savent aujourd'hui que le fénofibrate permet de faire diminuer les lipides dans le sang, mais qu’il n’a pas d’impact sur les accidents cardiovasculaires.

Rappel

Notre formation Facteurs de risques cardiovasculaires aborde le sujet des maladies cardiovasculaires à partir des facteurs de risques, afin de mieux cerner les situations spécifiques et de réaliser les examens cliniques adéquats dans la prise en charge de vos patients présentant un risque cardiovasculaire. Cette formation continue pour médecin généraliste est très utile pour votre exercice quotidien. Elle peut être financée par le DPC, Pôle Emploi, l’employeur et son OPCO, ou avec un financement personnel.

Téléchargez le programme de la formation Facteurs RCV en PDF

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