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Par Thomas Cornet
Le HPV, ou papillomavirus, est une des infections sexuellement transmissibles (IST) les plus fréquentes. Présente chez les femmes et les hommes, cette infection généralement asymptomatique peut parfois entraîner des lésions pré-cancéreuses. Mais où en est la vaccination en France ? Quels en sont les modes de transmission ? Est-ce incompatible avec la grossesse ? Voici les réponses aux questions les plus fréquentes sur le papillomavirus.
Sommaire
Aujourd'hui, le vaccin contre le papillomavirus cible la prévention contre des virus de haut risque de façon beaucoup plus importante que les vaccins précédents. Son taux de prévention contre les infections persistantes est très élevé, ainsi que contre les lésions pré-cancéreuses du col de l'utérus et les autres cibles de lésions HPV (lésions du vagin, de la vulve, du pénis ou de l'anus). Il réduit également le portage du papillomavirus laryngé. Malgré ces améliorations médicales, la couverture du vaccin HPV en France est décevante : elle est d'à peu près 24% dans la population cible. Cette couverture est décevante car l'espoir initial était d'atteindre une couverture de 60%.
La contamination au papillomavirus est généralement sexuelle, mais elle ne l'est pas exclusivement, car elle peut également se faire indirectement par la voie d'objets souillés.
Il faut tout de même savoir que la transmission sexuelle reste le mode de contamination prioritaire. En réalité, le papillomavirus est un marqueur d'activité sexuelle, car il est inévitable : tout le monde peut se faire contaminer au cours de la vie sexuelle. En effet, il s'agit de l'infection sexuellement transmissible (IST) la plus fréquente ; elle est si fréquente qu'il est impossible de la comparer aux autres IST.
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Dépistage, enjeux de la vaccination HPV, prise en charge et suivi post-thérapeutique, état de la recherche.
Découvrir la formationOui, et c'est même le cas le plus fréquent ! Dans la plupart des cas, l'infection est transitoire, asymptomatique et sans conséquences sur le plan clinique. L'immunité du porteur va généralement faire sa clairance virale, permettant ainsi de guérir spontanément de l'infection.
Dans certains cas, l'infection persiste ; mais même dans cette situation à risque, l'infection n'aboutit à aucune lésion dans la plupart des cas.
Il est impossible de connaître la date exacte de la contamination au papillomavirus, pour deux raisons : parce que cette infection peut être chronique, et donc persister depuis plus longtemps que ne pense le patient, et parce qu'il s'agit d'une infection asymptomatique, rendant toute indication temporelle d'infection impossible.
Il faut donc être déculpabilisateur auprès du patient, et expliquer qu'à moins d'effectuer des tests régulièrement, il est impossible de savoir quand et comment le virus a été transmis.
Dans l'absolu, prévenir le-la-les partenaire(s) du patient est conseillé. Mais la pratique est plus complexe, pour plusieurs raisons. La première est que le virus est très fréquent ; à cause de cette fréquence, le papillomavirus est donc moins une question de transmission qu'une question de persistance du virus dans le système immunitaire.
Enfin, le seul traitement préventif contre le papillomavirus est la vaccination, qui doit avoir lieu entre 11 et 14 ans ; au-delà et sans vaccination, il est impossible de prévenir la transmission du virus. Prévenir le-la-les partenaire(s) servirait donc à leur permettre de se faire dépister ; mais cela ne permettrait pas de prévenir la transmission.
Important
Il est d'autre part important de préciser au patient que l'infection HPV ne peut pas être considérée comme un marqueur d'infidélité dans le couple. Il est possible que le virus soit présent depuis des années, y compris en cas de test négatif.
Avant de procéder à un examen du partenaire, il faut s'interroger sur ce qui est recherché. Que la personne soit positive de manière asymptomatique ou avec lésion, les examens cherchant le papillomavirus chez le-la-les partenaire(s) ne seront pas très utiles s'il n'y a aucun symptôme chez le patient.
En revanche, si la personne présente des condylomes acuminés, l'examen sera pertinent. Les condylomes acuminés sont extrêmement fréquents et sont l'infection sexuellement transmissible virale la plus fréquente : l'examen permettrait d'indiquer s'il faut traiter le partenaire pour cette IST ou non.
Pour résumer
L'examen systématique n'est donc pas nécessaire, et n'est véritablement utile qu'en cas de lésions apparentes chez le partenaire.
Le portage asymptomatique du papillomavirus ne contre-indique pas une grossesse, de même en cas de lésion. Si une lésion apparaît au cours de la grossesse, la grossesse sera privilégiée, et la lésion ne sera réévaluée qu'après l'accouchement, pour la prendre en charge et éventuellement la traiter après l'accouchement.
Selon les études, le portage asymptomatique du HPV pendant la grossesse concerne entre 20% et 30% des femmes enceintes : c'est donc extrêmement banal et ne doit pas perturber le déroulement de la grossesse, modifier son suivi ou contre-indiquer un accouchement par voie basse.
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Découvrir les formationsLa classification Bethesda est fondamentale dans l'examen du papillomavirus. Il s'agit d'un code consensuel de lecture des modalités d'expression des résultats du frottis. Il s'agit d'un code de langage que tous les anatomopathologistes doivent maîtriser pour interpréter les résultats de cytologie cervicale.
Suite à un frottis, les résultats doivent être rendus sous la forme de la classification Bethesda, et doivent donc répondre aux questions suivantes :
Si les résultats fournis par le laboratoire d'anatomopathologie (anapath) ne sont pas conformes à la classification Bethesda, il vous sera impossible de les interpréter ; il faudra donc contacter le laboratoire pour que les résultats soient rendus conformément à la classification Bethesda.
Après le dépistage du cancer du col de l'utérus, l'annonce d'une lésion cancéreuse se fait au cours d'une consultation d'annonce.
Après avoir annoncé à la patiente qu'il y a présence de cellules cancéreuses, il faut caractériser la maladie en termes de stade de la maladie selon la classification de Figo (en faisant les examens d'imagerie nécessaires que sont l'IRM ou le PET-scan), voire faire une stadification ganglionnaire avant de pouvoir annoncer les modalités de prise en charge et de traitement du patient.
La patiente doit connaître sa maladie, la définir pour comprendre le traitement que vous lui proposez, selon le stade et les caractéristiques de sa tumeur.
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