Réaliser la détersion d'une plaie

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Plaies aiguës et chroniques

Réaliser la détersion d'une plaie

Étapes de réalisation de la détersion d'une plaie

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7 min

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Par Thomas Cornet

La détersion est un geste complexe qui nécessite un savoir-faire et une collaboration médicale et infirmière. Il existe plusieurs méthodes de détersion d’une plaie : mécanique, chirurgicale, autolytique (pansements), bio-détersion, etc. Indispensable dans la prise en charge globale d’une plaie chronique, la détersion doit être adaptée à la plaie et au patient.
Une formation médicale continue pour médecin généraliste est conseillée afin de développer vos connaissances concernant les plaies aiguës et chroniques, pour une meilleure prise en charge de vos patients, et d’améliorer votre technique de détersion mécanique des escarres et des plaies.

Sommaire

  • Définition de la détersion
  • Les différents types de détersion
  • Quels pansements utiliser ?
  • Les risques de la détersion mécanique
  • Plusieurs méthodes de détersion
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Définition de la détersion

L’acte de détersion consiste à retirer les souillures, les salissures, la nécrose, l’excès de fibrine et la flore microbiotique sur une plaie. Elle fait partie du traitement des plaies chroniques afin de préparer le lit de la plaie à cicatriser. La détersion d’une plaie chronique concerne les escarres, les ulcères de jambe d’origine veineuse ou mixte, et l’ulcère artériel (avec prudence). 

Important

Elle doit être évitée dans les angiodermites nécrotiques.

Avant de pratiquer la détersion, il est important de laver la plaie à l’eau et au savon (c’est aussi efficace que le sérum physiologique). La détersion s’effectue avec des bistouris, des pinces et des tirettes. Elle se pratique à l'hôpital et en ville. La détersion s’intègre dans la prise en charge globale du malade, en association avec le traitement étiologique des plaies et une nutrition adaptée. Elle doit être accompagnée d’une prise en charge correcte de la douleur.

Bon à savoir

Le geste de détersion nécessite une collaboration étroite entre l’équipe médicale et l’équipe infirmière.

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Les différents types de détersion

La détersion doit s’adapter au type de plaie du patient. Elle permet de préparer le lit de la plaie en retirant les tissus non viables, en diminuant la flore microbiotique et en contrôlant l’inflammation et la mauvaise odeur. De cette manière, une plaie chronique se transforme en plaie aiguë, permettant une cicatrisation plus rapide.

Astuce

Lisez aussi notre article sur la définition de la cicatrisation dirigée.

Il existe différents types de détersion :

  • la détersion autolytique (les pansements) ;
  • la détersion enzymatique (peu utilisée) ;
  • la détersion mécanique ;
  • la détersion chirurgicale ;
  • la détersion hydrochirurgicale ;
  • la bio-détersion ;
  • les autres processus de détersions (ultrasons, monofilaments, radiofréquence, coblation, lasers fractionnés, traitement par pression négative, électrostimulation, etc.).

La détersion autolytique est une réponse physiologique naturelle. Elle prolonge la phase inflammatoire des plaies. C’est une détersion lente, mais sans douleur. C’est la technique de détersion la plus utilisée.

 

La détersion chirurgicale ou hydrochirurgicale fait appel à l’effet Venturi, avec irrigation continue ou discontinue des plaies par un jet d’eau sous faible pression d’oxygène (pression variable de 20 bar à 800 bar). C’est une méthode rapide, mais il faut faire attention à la projection de bactéries pour le soignant et le patient.

Quels pansements utiliser ?

Les pansements doivent être utilisés après l’acte de détersion afin de protéger la plaie et favoriser le processus de cicatrisation. Ils permettent de protéger la peau péri-ulcéreuse des exsudats, car la dégradation de la peau péri-ulcéreuse dégrade la cicatrisation.

Rappel

Les pansements dits “modernes” ont la même efficacité pour la cicatrisation que la gaze de paraffine.

Plusieurs pansements peuvent être utilisés après la détersion :

  • les hydrogels pour les plaies sèches ;
  • les alginates pour les plaies exsudatives ;
  • les autres pansements pour les différents stades : hydrocellulaires, hydrocolloïdes et fibres de carboxyméthylcellulose ;
  • les pansements modifiant l’activité protéolytique (polyacrylates et NOCSF) ;
  • les pansements superabsorbants (hydrofibres et polyacrylates) ;
  • les pansements antimicrobiens par action physique (le chlorure de Dialkylcarbomoyle qui fixe les micro-organismes à la trame).
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Les risques de la détersion mécanique

La détersion mécanique d’une plaie est un geste précis qui nécessite des compétences techniques et cliniques (ce geste n’est pas coté pour les infirmiers ou infirmières). Il existe des sets pour la détersion mécanique d’une escarre ou d’une plaie.

 

Tout soignant doit connaître les gestes élémentaires de la détersion mécanique. Notre formation Plaies aiguës et chroniques en ligne enrichit vos connaissances pour le diagnostic et la thérapeutique d’une plaie chronique ou aiguë et vous aide à pratiquer le geste de détersion mécanique d’une plaie. Il est important de partager sa pratique et ses expériences entre l’équipe médicale et infirmière.

Bon à savoir

Le geste de détersion doit être associé à des pansements adaptés, à une rééducation et à une compression en cas d’insuffisance veineuse. La classification CEAP des ulcères veineux permet de classer et de décrire les affections veineuses chroniques.

La détersion d’une escarre ou d’une plaie requiert l’utilisation de matériel spécifique : les bistouris n°11 pour percer, n°23 pour tailler largement dans la nécrose et n°15 pour couper finement, des curettes fines, des pinces et des ciseaux.

 

La technique wet to dry n’est plus utilisée, car elle était responsable de saignements et de douleurs, et elle n’est pas suffisamment sélective. Aujourd’hui, la détersion wet to wet est privilégiée (la détersion autolytique en milieu humide). Il est nécessaire de toujours évaluer le rapport bénéfice-risque d’une détersion, en prenant en compte le patient et le type de plaie.

Important

Il faut être vigilant(e) face aux détersions excessives, car il y a des risques d’exposition de tissus nobles (tendons, vaisseaux, os et articulations), d’infections (infections bactériennes) ou de retards de cicatrisation. La détersion peut aussi entraîner des accidents d’exposition au sang.

Plusieurs méthodes de détersion

Il existe d’autres méthodes de détersion, en plus de la méthode chirurgicale ou la détersion mécanique de fibrine. La bio-détersion, appelée aussi larvothérapie, utilise des asticots pour nettoyer la plaie. Ceux-ci ont une action sélective, ils digèrent les tissus nécrotiques et respectent les tissus viables. Cependant, il n’y a pas suffisamment de preuves sur l’efficacité de cette méthode.

 

Les ultrasons permettent de déterger par un effet thermique ou non thermique, caractérisés par la fréquence et l’intensité. Il y a un phénomène mécanique de cavitation et des effets antibactériens et fibrinolytiques. Les ultrasons à haute fréquence n'apportent pas de bénéfices sur la cicatrisation, mais les ultrasons à basse fréquence sont bénéfiques sur les ulcères veineux et le pied diabétique.

 

La coblation est utilisée en ORL. Elle a une utilité pour l’ulcère veineux. Des expérimentations sont en cours.
Le laser C02 fractionné détruit le biofilm, réjuvénise les cellules sénescentes et remodèle le collagène de la plaie.
Certains pansements détersifs (comme le Debrisoft) ont été proposés afin d’éliminer le tissu nécrotique, les débris, les exsudats et la fibrine.

Bon à savoir

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