Définition de la dénutrition
La dénutrition se caractérise par un déséquilibre nutritionnel qui implique un bilan énergétique négatif. Plusieurs situations, telles que l’insuffisance d’apports, la mauvaise répartition des dépenses, et parfois une combinaison d’augmentation des dépenses et de diminution des apports, peuvent conduire à ce phénomène. Voici une représentation du déséquilibre nutritionnel engendré par la dénutrition :
Schéma extrait de notre formation Bilan partagé de médication - Walter Santé
La dénutrition a des conséquences néfastes sur l’organisme, altérant les fonctions corporelles et la composition corporelle. Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables à ce problème qui augmente le risque d’aggravation de diverses pathologies.
Les risques de dénutrition chez la personne âgée
La dénutrition touche différemment les personnes âgées selon leur lieu de résidence :
- 4 à 10 % des personnes vivant à domicile ;
- 15 à 38 % des résidents en institution ;
- jusqu’à 70 % des patients hospitalisés.
Information issue de notre formation BPM
Plusieurs causes de dénutrition ont été identifiées, notamment le port de prothèses dentaires, les troubles digestifs, la limitation des repas à un ou deux par jour, et la non-diversification de l’alimentation chez les personnes âgées dénutries vivant seules.
Certains facteurs liés à des maladies, tels que des pathologies neurodégénératives, des troubles de l’odorat et du goût, une mauvaise santé bucco-dentaire, le contrôle excessif de l’alimentation en cas de diabète, et la polymédication, augmentent le risque de dénutrition.
Des situations d’hypercatabolisme dues à des infections sévères, des pathologies inflammatoires, des cancers ou des décompensations de maladies d’organes peuvent également contribuer au risque de dénutrition chez la personne âgée.
Une formation BPM pour pharmacien permet de développer les connaissances et compétences à la mise en œuvre du Bilan Partagé de Médication dans le cadre d’une polymédication.
Repérer les situations à risque
La dénutrition est considérée comme un facteur iatrogénique qui nécessite une identification précoce. Il est crucial de repérer la perte de poids, en particulier la diminution de la masse maigre qui signale un risque de dénutrition.
Plusieurs facteurs contribuent à cette diminution chez les personnes âgées, notamment :
- la diminution de la sensibilité gustative ;
- la perte du plaisir de manger ;
- l’impact de médicaments.
Environ 200 médicaments, tels que les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, le métronidazole, les antiparkinsoniens, certains antibiotiques, les antiarythmiques, les antidépresseurs, et certains médicaments anticancéreux, sont impliqués dans la perte du goût.
La diminution de la sensibilité olfactive, en particulier dans les pathologies neurodégénératives, est également un facteur. Certains médicaments, tels que les inhibiteurs de la résine de conversion, la lévodopa, l’amiodarone, le méthotrexate, certains antibiotiques, et les antagonistes calciques, sont associés à cette perte. La bouche sèche est un autre paramètre qui rend la mastication difficile, perturbe la déglutition et peut causer des lésions buccales. Les antidépresseurs, les antipsychotiques, les médicaments de l’incontinence urinaire, les antiparkinsoniens, les bronchodilatateurs, et les glucocorticoïdes sont impliqués.
Un mauvais état dentaire aggrave la situation en rendant la mastication difficile. Des molécules telles que les neuroleptiques, les anticonvulsivants, les antihistaminiques, et les antidépresseurs influent sur la coordination motrice.
En ce qui concerne la digestion, la diminution des sécrétions digestives et de la vascularisation de la muqueuse digestive limite l’absorption des médicaments. Certains médicaments, comme les laxatifs lubrifiants, la metformine, et les inhibiteurs de la pompe à protons, aggravent cette limitation d’absorption.
Diagnostiquer la dénutrition
Les situations à risque de dénutrition sont liées à une insuffisance d’apports, une surconsommation, ou les deux. En réponse, l’organisme entre en mode économique, optimisant l’utilisation de ses réserves énergétiques. Chez les personnes âgées, les agressions, telles que les pathologies intercurrentes, ajoutent au risque de dénutrition.
Les signes cliniques incluent la difficulté de concentration, la fatigue, la faiblesse musculaire, la perte d’intérêt pour les activités habituelles, des manifestations physiques telles que cheveux cassants et ongles striés, ainsi que des problèmes de santé comme l’hypotension et des troubles digestifs.
La spirale de la dénutrition d’après Monique Ferry illustre le cycle critique de pathologies engendrées par la dénutrition, allant de l’amaigrissement à l’irréversibilité de l’état grabataire :
Schéma extrait de la formation BPM - Walter Santé
Le diagnostic de dénutrition chez les personnes âgées se base sur des critères phénotypiques, tels qu’une perte de poids supérieure à 5 % en un mois ou 10 % en 6 mois, un IMC inférieur à 22 et la sarcopénie. Les critères étiologiques sont également à prendre en compte tels que la réduction de la prise alimentaire, l’absorption réduite ou encore des anomalies au niveau digestif.
Après le diagnostic, la sévérité de la dénutrition (légère, modérée, sévère) est évaluée, et des prises en charge adaptées sont recommandées. En cas de dénutrition modérée, l’utilisation de compléments nutritionnels oraux peut être préconisée.
Le rôle spécifique du pharmacien d’officine
Le rôle du pharmacien d’officine dans la prise en charge de la dénutrition est un sujet encore peu exploré dans la littérature médicale. Bien que la Haute Autorité de Santé n’ait pas émis de recommandations spécifiques à ce sujet, le Code de la Santé Publique stipule que le pharmacien est responsable de la dispensation complète des médicaments, ce qui comprend l’analyse pharmaceutique de la prescription, la préparation des doses et la fourniture de conseils pour assurer un usage approprié.
Les pharmaciens sont également engagés dans des missions de santé publique, notamment l’éducation pour la santé, et sont bien positionnés en raison de leur proximité géographique avec les patients.
Concernant la dénutrition, le pharmacien joue un rôle dès le dépistage, en utilisant des critères tels que la perte de poids et l’indice de masse corporelle (IMC). La prescription de compléments nutritionnels oraux est une situation fréquente, avec des conseils sur la sélection en fonction de la pathologie associée, la texture et le goût, et le suivi régulier du patient.
Le pharmacien insiste sur les recommandations en matière d’alimentation, l’importance de l’hydratation, et propose des conseils pour augmenter les apports caloriques naturellement.
De plus, il émet les recommandations en matière d’hygiène bucco-dentaire et cutanée, et souligne la nécessité d’une prise en charge coordonnée avec d’autres professionnels de la santé, en particulier les médecins et les infirmières.
Le pharmacien joue un rôle crucial dans l’identification de la dénutrition, un facteur de risque majeur de iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées. En tant que professionnel de santé de proximité, il est activement engagé dans la prévention des conséquences néfastes du vieillissement physiologique. La formation en ligne BPM de Walter Santé, spécialement conçue pour les pharmaciens, offre une opportunité aux professionnels de santé d’améliorer leurs compétences dans la mise en œuvre du Bilan Partagé de Médication (BPM) pour assurer une prise en charge optimale des patients.
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