Pourquoi évaluer la motricité du(de la) patient(e) ?
Le bilan moteur correspond à un bilan analytique des capacités motrices, à la fois involontaires et volontaires. Il a pour vocation de vérifier des hypothèses de déficits détectées dans le bilan fonctionnel, comme un(e) patient(e) qui, à la marche, présentait une certaine boiterie. Il permet de vérifier la raison de ces déficits dans le cadre d’un bilan kiné.
Qu'est-ce que la motricité volontaire ?
Dans le cadre de la rééducation à la marche du kiné, il y a l'évaluation de la motricité volontaire. Elle passe, notamment, par l'évaluation de la commande motrice. Dans ce cas, le médecin va pouvoir vérifier les hypothèses de déficit du bilan fonctionnel. À noter que celle-ci intervient dans un deuxième temps, après l'évaluation de la motricité involontaire.
Concrètement, on évalue la gravité de la parésie qui correspond à :
- la possibilité de commande ;
- la qualité de mouvement en vitesse et en précision ;
- la force motrice.
Critères d'évaluation de la motricité volontaire
On distingue plusieurs outils d'évaluation pour vérifier les hypothèses de déficit du bilan fonctionnel.
Testing adapté ou Medical Research Council (MRC)
Le premier outil est le Testing adapté ou Medical Research Council (MRC), dont l'échelle de cotation est composée de la manière suivante :
Échelle | |
0 | aucune contraction |
1 | mouvement avec résistance |
2 | construction visible sans mouvement |
3 | mouvement complet sans pesanteur |
4 | mouvement complet avec pesanteur |
5 | force normale |
Cette échelle permet de vérifier la force motrice. À noter cependant que les mouvements sans pesanteur s’évaluent dans le plan horizontal. A contrario, les mouvements contre résistance s'évaluent avec un bras de levier long.
La version modifiée comprend des sous-cotations qui permettent une évaluation plus précise :
- 1+ : une ébauche de mouvement ;
- 2- : un mouvement incomplet sans pesanteur ;
- 2+ : une ébauche de mouvement contre pesanteur ;
- 3- : un mouvement incomplet avec pesanteur ;
- 3+ : un mouvement incomplet avec pesante et une légère résistance ;
- 4- : un mouvement incomplet avec résistance modérée ;
- 4+ : un mouvement complet contre résistance modérée maximale ;
- 5 : une faiblesse à peine détectable.
Index de motricité
Le deuxième outil est l'index de motricité, qui correspond à l’évaluation quantitative de la force musculaire des membres qui se fait en position assise lors des phases aiguës, subaiguë et chronique.
L'index de motricité ne s'intéresse qu'à 3 mouvements pour les membres inférieurs :
- la dorsiflexion de cheville : elle est évaluée à partir de l'étude de la flexion plantaire ;
- l'extension du genou : celle-ci est évaluée à partir de 90° de flexion ;
- le mouvement : c’est celui de la flexion de la hanche (flexion à 90°).
Pour ces 3 mouvements, le professionnel attribue 14 points si le mouvement n'est que partiellement réussi et 19 s'il est réussi.
Pour l'évaluation de la motricité supérieure, 3 mouvements sont aussi pris en compte :
- la prise pouce-index (cotation particulière) : elle est évaluée à l'aide d'un petit cube, 19, 22 ou 26 points, qui sont attribués selon la capacité du(de la) patient(e) à tenir correctement le cube ;
- l'évaluation de la flexion du coude ;
- l'abduction de l'épaule.
Le score final de l'index de motricité est sur 100. Par ailleurs, un score des membres inférieurs supérieurs à 25 est prédictif d'une récupération de la marche.
Qu'est-ce que la motricité involontaire ?
On évalue d'abord la motricité involontaire, et notamment le tonus musculaire :
- l’hypotonie ou flaccidité : souvent présente en phase aigüe d'AVC, elle correspond à une abolition ou une diminution du tonus musculaire et est appréciable à la palpation et à l'augmentation du ballant musculaire. Elle est facile à utiliser ;
- l’hypertonie spastique : le plus souvent présente en phase subaiguë et chronique (dans un deuxième temps de l’AVC), c'est une augmentation du tonus musculaire à composante élastique (le membre revient comme un élastique) qui prédomine sur les fléchisseurs au membre supérieur et les fléchisseurs au membre inférieur.
L'hypertonie spastique comprend 3 grands phénomènes :
- la spasticité (augmentation de la vitesse dépendante du réflexe tonique d'étirement) : elle n’a pas de conséquence sur le patient et le ne gène pas ;
- les co-contractions spastiques (co-contractions simultanées du muscle agoniste et de son antagoniste) : il peut y avoir 3 résultantes du mouvement ; la résultante positive (l’agoniste est plus forte que l'antagoniste), la résultante neutre (l’agoniste est égale à l’antagoniste) et la résultante négative (l’agoniste est plus faible que l'antagoniste). Le(La) patient(e) peut ressentir une gêne ;
- la dystonie plastique (contraction involontaire permanente du muscle sensible à l'étirement phasique ou tonique en l'absence de contraction volontaire) : il y a une gêne fonctionnelle dans les mouvements actifs mais aussi un risque au niveau neuro-orthopédique.
Critères d'évaluation de la motricité involontaire
On évalue l'hypertonie spastique grâce à l'échelle d'Ashworth modifiée. Pour cela, on positionne le(la) patient(e) en décubitus dorsale stricte, et où ensuite, on va le(la) mobiliser le plus rapidement possible (1 seconde ou moins) sur toute l’amplitude du mouvement.
On a 5 grades de cotation :
0 | pas d'augmentation de tonus |
1 | une légère augmentation de tonus musculaire qui se manifeste par une sensation de d’accrochage ou pas une résistance minime en fin de mouvement lorsque le segment affecté est déplacé en flexion ou en extension |
1+ | une légère augmentation du tonus musculaire qui ne manifeste pas une sensation d’accrochage suivi par une résistance minimale dans le reste (moins de la moitié) de l’amplitude du mouvement |
2 | une augmentation plus marquée du tonus musculaire sur presque la totalité de l’amplitude du mouvement mais le segment affecté se déplace facilement |
3 | une augmentation importante du tonus musculaire le mouvement passif est difficile |
4 | le segment affecté est rigide en flexion et en extension |
L'échelle de Tardieu modifiée peut aussi être utilisée pour l’évaluation de la passivité à différentes vitesses :
- V1 : le plus lentement possible ;
- V2 : la vitesse du segment du membre tombant sous la gravité ;
- V3 : le plus vite possible.
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