Identifier les déterminants du protocole : au-delà du symptôme
Avant même de poser les premiers jalons d’un protocole, il est essentiel d’analyser les déterminants cliniques et fonctionnels du patient lombalgique. Cela inclut :
- Le niveau d’irritabilité : présence de douleurs mécaniques, neurologiques ou mixtes ;
- Le stade d’évolution : douleur aiguë, subaiguë ou chronique ;
- Les facteurs favorisants ou freinateurs : sédentarité, troubles posturaux, anxiété, antécédents chirurgicaux, etc. ;
- Le niveau d’autonomie : capacité à se mouvoir, à initier un exercice, à progresser seul.
Cette phase analytique, souvent réalisée lors du bilan initial, permet de cadrer les grandes lignes de la progression et de définir les priorités immédiates.
Construire une progression logique : de la fonction à la performance
La structuration du protocole repose sur une logique de progression par paliers, centrée sur la restauration des fonctions clés. Cette progression peut s’organiser autour de 3 grandes étapes :
1. Récupérer la mobilité et réduire l’irritabilité
Objectifs : soulager les douleurs, restaurer les amplitudes, désensibiliser les structures.
À ce stade, le protocole intègre des techniques passives ou actives douces, visant à lever les verrous et à améliorer la perception du rachis. Le travail respiratoire ou neurodynamique peut également y être intégré selon le profil.
2. Stabiliser et reconditionner
Objectifs : améliorer le contrôle moteur, restaurer la stabilité lombo-pelvienne, renforcer en global.
La phase de reconditionnement vise à sécuriser les mouvements de base (redressement, port de charge, transfert), avec une attention particulière portée à la qualité gestuelle. Le travail proprioceptif, la coordination et l’endurance musculaire sont progressivement introduits.
3. Intégrer dans la fonction et prévenir les récidives
Objectifs : autonomie du patient, reprise d’activité, prévention secondaire.
Le protocole s’oriente alors vers des mouvements fonctionnels, contextualisés, en lien avec les objectifs de vie du patient. La progression ne se fait plus uniquement sur la douleur, mais sur la capacité d’adaptation et la confiance dans le mouvement.

Notre formation complète sur la prise en charge des lombalgies : mécanismes, évaluation clinique, traitement et prévention en cabinet de kinésithérapie.
Adapter à chaque patient : individualisation vs standardisation
Chaque protocole doit être co-construit avec le patient. Cela suppose de :
- Définir ensemble des objectifs partagés et mesurables ;
- Tenir compte du niveau de condition physique initiale ;
- S’adapter aux contraintes environnementales : lieu d’exercice, équipement, temps disponible ;
- Réajuster selon les retours subjectifs (ressenti, douleur, fatigue) et objectifs (tests cliniques).
Cette approche responsabilise le patient tout en renforçant l’adhésion au traitement.
Évaluer et réajuster en continu : la clé d’un protocole pertinent
La rééducation lombaire n’est jamais figée. À chaque séance, le kinésithérapeute dispose d’indicateurs d’ajustement :
- L’évaluation de la douleur (EVA, DN4, douleur provoquée) ;
- Les tests fonctionnels (test de levée de jambe tendue, tests de flexion/extension, etc.) ;
- Les questionnaires validés (Oswestry, Roland-Morris, Tampa Scale, etc.).
Ces outils permettent de documenter la progression et de justifier les choix thérapeutiques auprès des médecins prescripteurs ou des financeurs. C’est aussi un excellent support de communication pour le patient.
Formaliser votre protocole : une étape souvent négligée
La structuration d’un protocole ne s’arrête pas à sa mise en œuvre : la formalisation écrite est un gage de qualité. Elle peut prendre la forme :
- D’un tableau de suivi à compléter par le kiné ;
- D’un carnet de progression remis au patient ;
- D’un compte-rendu structuré à destination du médecin traitant.
Ce document devient une trace utile pour les bilans, les changements de thérapeute ou les reprises de traitement.
Intégrer la dimension biopsychosociale
Enfin, tout protocole de rééducation lombaire doit prendre en compte les facteurs psychosociaux :
- Peur du mouvement ou kinésiophobie ;
- Représentations erronées du mal de dos ;
- Contexte professionnel, familial ou administratif (reconnaissance en ALD, arrêt de travail, etc.).
Ces éléments, s’ils ne sont pas intégrés dans la progression, peuvent bloquer ou ralentir la récupération. Le kinésithérapeute a ici un rôle pédagogique essentiel, pour déconstruire les croyances délétères et renforcer la confiance dans la capacité de mouvement.
Découvrez notre formation lombalgies Walter Santé, conçue pour structurer vos prises en charge avec des outils concrets, des vidéos de cas pratiques et des séquences types prêtes à l’emploi. Développez votre raisonnement clinique, optimisez vos protocoles et améliorez vos résultats auprès des patients lombalgiques.
Téléchargez le programme de la formation lombalgies en PDF

Lombalgies
+ de 600 téléchargements