TP & INR : normes et calcul

Par Alphonse Doutriaux

26 juin 2023

8 min

Le TP (taux de prothrombine) et l’INR (International Normalized Ratio) sont les deux examens de référence à réaliser pour les patients sous antivitamine K (AVK). Les AOD, quant à eux, ne requièrent pas la mesure du TP ou de l’INR, et sont plus simples à surveiller. Fonctionnement du TP et de l'INR, norme, calcul, surveillance des AVK, etc.

Maîtrisez-vous le suivi des patients sous anticoagulants ?

Au cours d'un traitement anticoagulant, quelle est la complication la plus redoutée ?

Qu'est-ce que le TP et l'INR ?

Le TP et l’INR sont des examens de biologie utilisés dans la surveillance et la prise en charge infirmière des patients sous anticoagulants, et plus particulièrement des patients sous antivitamine K (AVK). Le TP correspond au taux de prothrombine, il sert au calcul de l’INR. Il permet de mesurer le temps de saignement et de coagulation du plasma en présence d’un réactif, la thromboplastine. Il permet ainsi d’explorer les facteurs de la coagulation, dont la vitamine K dépendant. Cependant, le résultat dépend pour beaucoup du réactif utilisé et des techniques réalisées par le laboratoire. C’est pourquoi, selon le laboratoire, le résultat n’est pas toujours le même. C’est ici que l’INR intervient : il permet de rapporter le résultat du TP par rapport à une norme standardisée.

 

L’INR (International Normalized Ratio) est le rapport du TP (taux de prothrombine) du patient sur le TP du témoin, multiplié par un index de calibration international. Il existe désormais des appareils mobiles qui permettent de faire le calcul de l’INR et du TP, sans passer par un laboratoire. Ces appareils, qui ressemblent à un glucomètre, sont utiles pour les patients qui sont sous surveillance étroite et fréquente.

 

Le calcul de l’INR et du TP n’est pas nécessaire dans la surveillance des AOD (Anticoagulants Oraux Directs), ce qui les rend plus simples à surveiller, à gérer ou à prescrire, tant pour les infirmiers, que les médecins ou les patients. Les AOD nécessitent surtout de surveiller la fonction rénale (principale contre-indication). La surveillance des héparines passe généralement par la surveillance des plaquettes sanguines, une héparinémie et le test TCA (temps de céphaline activée). N’hésitez pas à consulter notre fiche IDE des HBPM pour plus d’informations sur les héparines de bas poids moléculaire.

Astuce

D'après une étude de Selectra, le prix d’une prise de sang oscille entre 17 et 25 €, et est remboursé jusqu'à 60% par la Sécurité sociale.

 

schéma du processus de mesure du TP et de l’INR

Schéma : Processus de mesure du TP et de l’INR

 

À propos du taux de prothrombine (tp)

Le taux de prothrombine normal se situe généralement entre 70 % et 100 %. Il peut être diminué en cas de déficit en vitamine K, d’insuffisance hépatique ou de pathologies affectant la coagulation. Ce taux est notamment utilisé en préopératoire pour évaluer la capacité de coagulation d’un patient avant une intervention chirurgicale.

Accompagnez les patients sous anticoagulants

Accompagnez les patients sous anticoagulants

Appareil cardiovasculaire, méthodes de fluidification du sang, rôle de l'infirmier et complications possibles.

Le calcul de l’inr expliqué

L’INR (International Normalized Ratio) est calculé à partir de la formule suivante : INR = (TQ patient / TQ témoin) ^ ISI, où TQ correspond au temps de Quick et ISI à l’indice de sensibilité internationale du réactif. Cette formule permet d’harmoniser les résultats entre les différents laboratoires.

Les normes de TP et INR

Pour améliorer la prise en charge des patients sous anticoagulants, il est important de connaître le fonctionnement du TP et de l’INR, la norme et la méthode de calcul. Concernant le TP, le résultat est donné en pourcentage en fonction d’un témoin. Le taux de prothrombine normal est de 100 % (taux de prothrombine 100 %). En cas de coagulation sous AVK, il faut rechercher une valeur de TP autour de 30 %.

 

Le calcul de l’INR et du TP pour un patient sous AVK peut varier, car certaines interactions le font fluctuer. C’est le cas de l’alimentation. En effet, de nombreux aliments contiennent de la vitamine K qui a un effet antagoniste avec les AVK. Les médicaments, même d’usage courant, peuvent aussi créer des interactions avec les AVK. Une majorité de médicaments peuvent créer un effet anticoagulant augmenté (risque de saignement accru), tandis que d’autres ont un effet anticoagulant diminué. C’est pourquoi il est important de faire le calcul INR et TP environ 48h après l’introduction d’un nouveau traitement pour un patient sous AVK, même si l’interaction entre les deux médicaments n’est pas connue.

 

Une fois mesuré le taux de prothrombine, l’INR permet de comparer le résultat à une norme. Le résultat normal de l’INR est de 1 (patient qui n’est pas anticoagulé). Les patients sous anticoagulants doivent se situer idéalement entre 2 et 3. Au-dessus de 4, il y a un risque important de saignement.

Causes d’un inr bas ou élevé

Un INR bas peut indiquer une anticoagulation insuffisante, souvent causée par un apport accru en vitamine K ou un oubli de prise d’AVK. À l’inverse, un INR élevé reflète une anticoagulation excessive, pouvant résulter d’un surdosage d’AVK, de pathologies hépatiques ou d’interactions médicamenteuses.

Rappel

Voici un résumé du calcul du TP et de l’INR (normes) :

  • TP (taux de prothrombine) : taux normal à 100 %, taux recherché sous AVK à 30 %, varie facilement ;
  • INR (International Normalized Ratio) : taux normal à 1, taux recherché sous anticoagulant entre 2 et 3, attention au-dessus de 4.

La surveillance de l'IRN dans les traitements par AVK

Les antivitamines K (AVK) ont pour but de bloquer les facteurs vitamine K dépendants, et notamment le facteur II (prothrombine).

 

La surveillance biologique des antivitamines K (les médicaments Sintrom, Coumadine ou Préviscan, par exemple) est composée du TP et de l’INR, en plus de la surveillance du risque hémorragique. Il est important d’avoir les deux tests pour la surveillance des AVK, car l’INR se calcule d’après le TP du patient. L’objectif est d’avoir des résultats en harmonie (TP et INR).

 

Au début de la prise en charge du patient sous anticoagulants, l’examen de TP et INR (prise de sang) doit être réalisé deux fois par semaine pendant un mois. Il peut ensuite être réalisé une fois par semaine, puis, si les résultats sont normaux, espacé tous les 15 jours. Dans le cas d’une décoagulation sous AVK, il faut rechercher une valeur cible entre 2 et 3. Dans le cas d’une valve cardiaque mécanique, le taux à rechercher est situé entre 4 et 5. Tous les patients n’ont donc pas la même fréquence de calcul du TP et de l’INR selon leur situation.

Important

Il faut être vigilant lorsqu’une intervention chirurgicale est prévue pour un patient sous antivitamine K (relais avec héparine ou non, ajustement des doses, etc.).

Les AVK sont moins prescrits de nos jours, car ils nécessitent une surveillance plus importante que les AOD ou les héparines. Les AOD sont plus souvent prescrits, car ils sont tout aussi efficaces, plus simples à utiliser, et le taux de saignement est moins élevé (les AVK provoquent plus souvent des hémorragies cérébrales alors que les AOD engendrent plutôt des saignements digestifs). Cependant, un patient avec des résultats stables sous AVK peut le rester, il n’est pas indispensable de lui changer son traitement. 

Formations Infirmiers

Formations Infirmiers

Découvrez les formations continues Infirmiers DPC & FIF PL en ligne de Walter Santé.

Astuce

Développez vos connaissances et vos compétences pour la prise en charge de vos patients sous anticoagulants avec un cours infirmier complet, 100 % en ligne. Notre formation Anticoagulants Walter Santé aborde tous les points importants, pour les IDELs débutants ou en pratique avancée, concernant les anticoagulants, les médicaments, les doses, les maladies liées et la surveillance.

Le TP et l’INR ne sont qu’une partie des analyses à maîtriser dans la prise en charge des patients sous anticoagulants. Pour aller plus loin, découvrez comment interpréter un bilan d’hémostase dans son ensemble, avec un focus sur les valeurs biologiques à surveiller.

 

Retrouvez toutes nos ressources sur les anticoagulants pour IDE dans notre page dédiée.

Maîtrisez-vous le suivi des patients sous anticoagulants ?

Au cours d'un traitement anticoagulant, quelle est la complication la plus redoutée ?

Téléchargez la fiche IDE sur les normes de TP et INR en PDF

Commentaires

Publier un commentaire

Un doute, une question, nous vous répondrons dans les meilleurs délais.

Sur le même thème

Alphonse Doutriaux

1 août 2023

Si la coagulation sanguine est un processus naturel qui consiste à protéger le corps de diverses situations après des blessures, elle devient dangereuse lorsque la circulation sanguine ne s’établit pas correctement. Pour prévenir les risques de coagulation, l’intervention de certains anticoagulants est nécessaire :

  • ​​les anti-vitamines K (AVK), qui bloquent la fabrication des facteurs de coagulation ;
  • les anticoagulants oraux directs, qui eux, paralysent l’activation des facteurs de coagulation ;
  • l’héparine (héparine non fractionnée et HNF), qui permettent de dissoudre les caillots sanguins.

Retrouvez ici la fiche IDE constituée des informations concernant les anti-vitamines K. Quelles sont les indications pour l’administration d’anti-vitamines K ? Quelle est la posologie du traitement ? Quels sont les médicaments utilisés lors d’un traitement par AVK ? Quels facteurs peuvent entrer en interaction avec les médicaments anti-vitamines K ? 

Cet article vous propose certains éléments de réponse, à compléter avec une formation dédiée aux anticoagulants pour améliorer la prise en charge de vos patients au quotidien.

Alphonse Doutriaux

17 juillet 2023

La coagulation sanguine peut être divisée en deux parties : l’hémostase primaire et l’hémostase secondaire. L’hémostase primaire est elle-même composée de deux phases : le spasme vasculaire et le clou plaquettaire. De l’hémostase primaire à la fibrinolyse, en passant par l’hémostase secondaire, chaque étape de la coagulation du sang est nécessaire afin d’éviter l’accident hémorragique ou thrombotique.
Approfondissez vos connaissances de l’appareil cardiovasculaire, de la surveillance infirmière et des anticoagulants avec la formation infirmière à distance de Walter Santé.

Alphonse Doutriaux

17 juillet 2023

L’hémostase est un processus physiologique qui se divise en trois étapes : l’hémostase primaire, l’hémostase secondaire et la fibrinolyse. L’hémostase secondaire correspond à la coagulation proprement dite, qui renforce le travail réalisé par l’hémostase primaire et qui permet la formation du caillot sanguin.
Dans cet article, découvrez le déroulement de l’hémostase secondaire, avec ses facteurs de coagulation et ses inhibiteurs, et approfondissez le sujet avec notre formation infirmier Anticoagulants ! Cette formation pour infirmière peut être financée par le DPC et le FIF PL.

Alphonse Doutriaux

17 juillet 2023

Parmi les anticoagulants, les héparines de bas poids moléculaires (HBPM) sont composés de quatre médicaments : la Fragmine, la Fraxiparine, l’Innohep et le Lovenox. Les HBPM inhibent le facteur Xa et la thrombine. L’injection de Lovenox doit être réalisée en sous-cutanée et il est souvent utilisé en ambulatoire.
Vous avez des questions concernant les modalités du traitement Lovenox et la surveillance des patients sous Lovenox (plaquettes et anti-Xa) ? Retrouvez les informations essentielles, issues de notre formation pour infirmière, dans cet article.