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Par Hippolyte Le Dem
Les troubles du comportement alimentaire peuvent être dévastateurs. Le rôle du(de la) diététicien(ienne) est de prévenir et prendre en charge ces troubles alimentaires. Pour cela, il est indispensable de connaître l’addiction alimentaire et son lien direct avec le microbiote. Notions qui sont apprises lors d’une formation diététique à distance. Voici un tour d’horizon des troubles du comportement alimentaire.
Sommaire
Voici une définition d’un trouble alimentaire. Au sein des addictions, on distingue la eating addiction (addiction au comportement alimentaire) de la food addiction, tournée vers un type de nourriture donné. Bien que l'idée d'une addiction à la nourriture soit un concept moderne et parfois débattu, elle partage de nombreuses similitudes avec d'autres troubles alimentaires tels que la boulimie, l'hyperphagie boulimique et la suralimentation compulsive.
Les recherches indiquent que les addictions sont caractérisées par une incapacité à maîtriser un comportement, en dépit de la connaissance de ses effets néfastes, avec des origines biologiques, psychologiques et sociales. Alors qu'il est reconnu que certaines substances psychoactives peuvent engendrer une dépendance, l'idée d'une addiction sans drogue, liée à des comportements plaisants tels que manger, est toujours en discussion.
Une addiction à la nourriture suggère une dépendance à certains aliments, notamment ceux riches en graisses ou en sucre, en appliquant au comportement alimentaire les critères de dépendance à une substance. Pour évaluer cette dépendance, la Yale Food Addiction Scale est fréquemment utilisée. Cette addiction est couramment observée chez les patients obèses ou ceux présentant des caractéristiques psychopathologiques spécifiques, parmi d'autres facteurs. Cependant, il n'est pas encore prouvé que cette dépendance entraîne systématiquement une prise de poids ou une obésité.
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DÉCOUVRIR LA FORMATION DIÉTÉTIQUELe microbiote est composé d'une diversité d'espèces bactériennes, parmi lesquelles se trouvent les Firmicutes, Bacteroidetes, Proteobacteria et Acineto-bacter. Ces bactéries coexistent harmonieusement avec notre corps, lui offrant divers avantages pour la santé.
Selon une recherche publiée dans Elsevier, un déséquilibre de ce microbiote, appelé dysbiose intestinale, pourrait être impliqué dans la survenue des crises d'hyperphagie boulimique et de boulimie. La communication entre l'intestin et le cerveau se fait via des voies nerveuses sympathiques et parasympathiques, libérant des neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine.
Un trouble du système sérotoninergique, provoqué par un microbiote déséquilibré, pourrait entraîner des symptômes d'irritabilité et des accès de compulsions alimentaires chez les personnes boulimiques. Cette découverte ouvre la voie à l'élaboration de nouvelles approches thérapeutiques ciblant la microflore intestinale pour traiter la boulimie.
Bon à savoir
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Des chercheurs ont remarqué que le microbiote subit des modifications en raison des cycles de privation alimentaire et de reprise de l'alimentation chez les individus souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA). Même après une reprise de poids et une amélioration de la santé chez ceux souffrant d'anorexie (AN), des études montrent que leur microbiote demeure distinct de celui des individus sains. Cette altération persistante a conduit à l'introduction de l'hypothèse de la sérotonine", selon une étude parue dans Nature Review Neuroscience.
Selon cette théorie, un dérèglement du métabolisme de la sérotonine et de la dopamine se produit. Les personnes anorexiques s'abstiennent de manger pour diminuer leur anxiété. En effet, lorsqu'elles mangent, elles ressentent de la dysphorie, une grande détresse émotionnelle manifestée par de l'irritabilité, de l'anxiété, de la tristesse et une insatisfaction générale. Ainsi, les individus souffrant de TCA auraient une surproduction de sérotonine, car les circuits neuronaux responsables des réactions émotionnelles et cognitives seraient hyperactifs. Cette surabondance de sérotonine serait à l'origine de la dysphorie.
Si le niveau de sérotonine demeure constamment élevé, l'individu est susceptible de s'engager dans un cycle destructeur où il évite la nourriture. La consommation alimentaire entraînerait une augmentation de la sérotonine, provoquant ainsi la dysphorie.
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Découvrir les formationsBon à savoir
Selon l'alimentation typique d'un pays ou d'une région, certaines bactéries se développent spécifiquement pour digérer efficacement certains nutriments. Une étude de l'Imperial College London a révélé une corrélation entre le désir de consommer certains aliments et les bactéries présentes dans le microbiote de chaque individu.
Les régimes restrictifs, l'utilisation excessive de laxatifs et les vomissements associés aux troubles alimentaires compulsifs influencent chacun différemment le microbiote. Par exemple, les personnes anorexiques suivant des régimes restrictifs ou les boulimiques ayant recours aux laxatifs présentent une diversité et un nombre réduits de bactéries comparativement à des individus sains. Les lésions de la muqueuse intestinale, la pression abdominale ou le déséquilibre des électrolytes sont parmi les facteurs pouvant entraîner ces modifications dans l'équilibre du microbiote.
Une étude de 2021 menée par l'Université de Varsovie et publiée dans Psychiatry Research plaide en faveur de recherches approfondies sur la relation entre le microbiote intestinal et les troubles de conduite alimentaire. Les scientifiques évoquent la potentialité de concevoir de nouveaux traitements basés sur la génétique pour optimiser le microbiote afin de lutter contre les TCA. Ainsi, à l'avenir, des méthodes comme l'utilisation d'antibiotiques, de probiotiques ou la transplantation de microbiote fécal pourraient compléter les interventions psychologiques et psychiatriques traditionnelles.
Il existe trois leviers de régulation du comportement alimentaire.
L'équilibre homéostatique se rapporte au maintien du point de référence et à la balance énergétique stable. Il veille à harmoniser les apports et dépenses énergétiques. Dans cette dynamique, les signaux de faim et de satiété jouent un rôle crucial : la faim prévient une carence énergétique tandis que la satiété et le rassasiement évitent un excès.
La régulation cognitive nous guide dans nos choix. C'est le seul mécanisme conscient impliqué dans la régulation de notre alimentation. Bien qu'il ne constitue que 5 % de cette régulation, il influence notre sélection d'aliments et nos moments de consommation. Il est essentiel de conserver un certain degré de contrôle cognitif, car nous ne pouvons pas consommer n'importe quoi, n'importe quand, et de n'importe quelle manière.
La régulation psycho-sensorielle englobe la gestion physiologique et neurobiologique de l'alimentation. Elle donne une place centrale au plaisir et à la gestion des émotions. Par exemple, céder occasionnellement à la tentation du chocolat pour apaiser une frustration ne signifie pas nécessairement développer un trouble alimentaire compulsif. C'est une partie inhérente de la complexe autorégulation que chaque personne possède.
Beaucoup aspirent à une alimentation idéale, sans grignotages ni perturbations. Toutefois, atteindre une telle perfection est irréaliste et ces fluctuations font partie du processus naturel. Lorsqu'un TCA survient, un ou plusieurs de ces piliers sont déréglés, perturbant la régulation fine du poids et du comportement alimentaire. En tant que nutritionniste, nous disposons de plusieurs outils pour aider à rétablir cet équilibre.
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